Discours d’ouverture de Michael DeTar, Premier Conseiller de l’Ambassade à la cérémonie d’ouverture d’échanges sur la couverture des manifestati

Echanges sur la couverture professionnelle des manifestations de rue et l’actualité politique

Date : 18 décembre – 20 décembre 2017

Mot d’ouverture de Monsieur Michael DeTar,
Premier Conseiller de l’ambassade

Madame et monsieur les modérateurs,
Mesdames et messieurs les participants,
Chers collègues,

C’est un plaisir pour moi de m’adresser à vous aujourd’hui à l’ouverture de ces trois jours d’échanges sur «la couverture professionnelle des événements et manifestations à caractère politique».  Pour ne vous rien cacher, la décision d’organiser cet événement s’est prise, naturellement, dans le contexte de l’impasse politique qui occupe le Togo depuis cinq mois déjà.  Les médias y jouent – et devraient y jouer – un  rôle primordial.  En tant que peuple ami du Togo, les Etats-Unis se sont toujours investis dans l’accompagnement des principaux acteurs de la démocratie au Togo, et les média y occupent une place importante. Ils sont par excellence le canal de l’information et de la formation du public.

Mais vous êtes les premiers à le savoir, on ne couvre par l’actualité politique comme on couvre l’actualité économique ou sportive.  En règle générale, faire du journalisme demande le respect de certains principes de base: Respect de la vérité des faits; séparation des faits d’avec les commentaires personnels; indépendance; et respect de l’équilibre.  L’approche de l’actualité politique demande une plus grande rigueur encore dans le respect de ces principes. Il nécessite également la maîtrise de certains sujets, et la compréhension de certains concepts, tels que: maitrise du background des acteurs et sujets politiques; maitrise des stratégies politiques et des relations professionnelles avec les hommes politiques ; importance du fact-checking ou de la vérification poussée; possession des chiffres et statistiques ; respect des règles déontologiques et éthiques; observations de règles sécuritaires professionnelles ; et pour finir, plein exercice du rôle de quatrième pouvoir, c’est-à-dire, défendre et promouvoir la démocratie, les libertés individuelles, la bonne gouvernance , et la stabilité sociale.

Par principe, toutes ces valeurs sont actées par les professionnels que vous êtes, et nous vous félicitons de votre abnégation à rapporter aux togolais et à la communauté internationale les différents aspects des manifestations et réactions politiques.  Cependant, il en existe parmi vos collègues, malheureusement, certains qui oublient sur le terrain un certain nombre de principes que j’énumérais tout à l’heure.  J’en évoquerai deux :

  • Le premier, l’indépendance vis-à-vis des pouvoir politique. C’est en fait malheureux que dans le contexte actuel, plusieurs journalistes se réclament ouvertement du pouvoir ou de l’opposition.  A partir de ce moment, la lucidité professionnelle diminue et ne vise plus à informer la population, mais simplement son camp politique.
  • Le deuxième, c’est la non-vérification des faits par certains reporters, qui ne sont pas marqués politiquement, mais qui sont tombés dans le piège des «fake news». Dans la plupart des cas, ces informations manipulées dans le but de jeter du discrédit sur l’opposition ou le pouvoir, ne sont pas écrites par les journalistes eux-mêmes, mais par des personnes clairement malintentionnées. Par exemple, nous avons vu des vidéos et des images qui ont été tournées dans d’autres pays, mais lorsque nous les trouvons en ligne, ils sont supposés être du Togo. Et parce qu’elles n’ont pas été vérifiées, ces manipulations ont été présentés comme la vérité, et beaucoup de gens les ont cru.

J’ajouterai une troisième difficulté qui n’est pas la faute du reporter, mais qui peut contribuer à l’altération de la vérité de l’information: la menace et la violence exercées sur les journalistes lors des événements politiques.

Pendant les trois prochains jours, nous allons discuter avec vous et revisiter les principes essentiels d’un reportage politique effectif, sécurisé et vérifié.
J’espère également que dans ces échanges, nous développerons des stratégies qui vous permettront de surmonter les difficultés auxquelles sont confrontés les journalistes aujourd’hui, afin que vous puissiez pratiquer un journalisme sûr, objectif et éthique.

Avant de conclure, j’aimerais vous laisser pour méditation cette pensée de Bill Kovach, ancien rédacteur en chef au New York Times et co-auteur du  livre «Principes du Journalisme : ce que les journalistes doivent savoir» que je vous invite à lire. Il dit, je cite : «En fin de compte, la discipline de la vérification est ce qui sépare le journalisme du divertissement, de la propagande, de la fiction ou de l’art».

Je vous remercie.